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University of Ottawa

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MUSÉE

DES FAMILLES ,

LECTURES DU SOIR.

PARJS. ÉVERAT, IMPfilMEUR., RV^HV CADRAN, ^'' 16.

Prix du premier volume.

c D i Bioclié 5 fr. 50 c.

Flui Paris. <

I Relie 7fr.

Pi^iir les de'partemcns, parla poste, le volume broclic. 7 fr. 50 c.

Nota. La poste ne se chsrge pas de volumes relie's.

MUSEE

DES FAMILLES,

PB-SMI^B. VOl^UBIC.

PREMIÈRE ET SECONDE ANNEE.

AUX BUREAUX DU MUSEE DES FAMILLES,

^S, RUE DES MOULINS.

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^C0 Jâtmllki

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ûYi.

LES MAGASIItfS ANGr,AIS,

PAR M. JIILE8 JANIN.

De omnl rc et qitihnsdnm atiis. On parlti a Je (oui et Je plusieurs choieiî encore.

EJA nous pouvons réaliser pour la France un cours d'instruction familière , amusante , varice , à la portée de tous , presque gratuite tant elle est à hou marché , tel que le font en Angleterre les meilleurs esprits dans tous les genres, unis aux artistes les plus habiles. Chez nous aussi, il est temps que le peuple ait un livre de luxe. Nous allons donc faire uo journal à rfcH.rioiiS, journal immense, qui réunira à lui seul tous les journaux de l'Angleterre.

Car, là, chaque partie de la science, chaque partie des beaux-arts a son journal a part, son magasin spe'cial.

D'abord, c'est l'architecture avec ses tours e'ieve'es, avec ses imposantes façades :

N" V

ocroBKK 1833.

MUSEE Ï>ES FAMILLES.

Et l'on voit non-seiilcmcnt les nionumens des villes, mais les chefs-d'œuvre de la naliiie et les plus beaux sites de la cam- pagne. Dans ce but, les Anglais ont un journal tout exprès : le Portefeuille du dessinateur. Nous ne nous ferons pas faute de l'imiter , en rapprochant les articles les plus piquans des points de vue les ])lus remarquables.

Si l'Angleterre est riche en beautés pittoresques, notre pays, à nous, a ses cliarmes aussi. Il est temps qu'on l'ap- prenne. Aux vergers du Devonshire, nous opposerons les villages normands qu'encadrent de fraîches et vertes allées de pommiers; ensuite, les cîmes hardies et variées des Alpes dauphinoises valent bien les vallons stériles de la Haute- Ecosse; nous pouvons laisser aussi les touristes insulaires vanter leurs lacs du Cunibcrland , car nous avons les rives ombreuses du lac de Nantua; et, quand on nous parlera des sinuosités de la Tamise qui se promène de Twickenham à Richmond , de Kew à Clapham , nous n'aurons qu'à tourner les yeux vers notre Loire, si belle, si féconde, et dont les ondes baignent les ravissans jardins de la Touraine et de l'Anjou.

Voilà bien amplement de quoi fournir de paysages en tous genres , rians ou sévères , agrestes ou grandioses , un recueil moins ambitieux que le nôtre. Mais, à nous, la France ne suffira point : nous aurons recours souvent à l'An- gleterre aussi, et nulle contrée ne sera trop lointaine pour notie coup-d'œil habile à découvrir partout les curiosités le plus dignes d'attention.

Aux journaux artistiques, succèdent les journaux utiles, et d'.ibord le Docteur. Celui-ci s'occupe de tout ce qui tient à riiygiène publique et privée; les vctemcns, la nourriture, les épidémies régnantes , les eaux minérales en été , tout ce qui tient à une vie bien faite. Ce qui distingue le Docteur, ce sont ses recettes, son bon esprit, son grand sens et jus- qu'à ses modes qui ne sont pas les modes de la fashion , mais qui sont les habits du peuple , chauds en hiver, frais en été.

Quant à ceux qui n'ont pas le temps de s'occuper de leur santé, à ceux qui vivent de la vie active, l'Angleterre a pour eux un journal tout exprès : la Mécanique. On y décrit les instrumens les plus utiles, les méthodes les plus espéditives , les procédés les plus nouveaux. C'est un jour- nal qui cxei'ce une influence réelle et notable sur les classes laborieuses, parmi lesquelles il est répandu avec une admi- rable profusion.

Pour elles, il ne s'agit ni de pompeuses hypothèses, ni de théories vaguement philosophiques. Il leur faut des sultats , non des raisonnemens. Sotie présomption que celle du savant qui prétend faire suivre à 1 ouvrier toutes les séries d'équations algébriques à travers lesquelles il est parvenu à établir une vérité lumineuse.

A l'œuvre donc , mettez-vous avec lui au centre d'un atelier. Telle opération produit tel effet. Dites-le sérieuse- ment et nettement; sur l'instant l'auditeur tirera parti de voti-e leçon. C'est ainsi qu'on accélère le mouvement de l'industrie, qu'on popularise les inventions. L'enseignement ne se perd point dans l'ennuyeux dédale des traités systé- matiques et complets : il va droit au but.

Voulez-vous apprendre à manier quelque nouvel outil, quelque métier perfectionné; à quoi bon remonter jusqu'aux lois compliquées de la mécanique. Voilà l'outil, ou le mé- tier, fidèlement représenté , et quelques mots vous diront comment on le met en action et quel profit on peut en attendre. Le génie positif de nos voisins a parfaitement conçu l'avan- tage de cette méthode expédilive , et , en l'adaptant aux for- mes d'un journal, il a su encore centupler ses heureuses con- séquences. Cela vaut mieux que les plus belles déclama lions de la philantropie.

Après le travad, le repos : c'est trop juste; après une longue journée de sueur, un moment de loisir : c'est trop juste. Dans la joviale Angleterre, on ne pouvait manquer de nietlic en pratique un aphorisme aussi raisonnable. S'il

y existe un excellent recueil de science usuelle et populaire, il s'y rencontre aussi plus d'une feuille hebdomadaire pour l'amusement des samedis ou des dimanches.

Allez à Londres, dans les populeux quartiers qui avoisi- nent Covenl-Garden; entrez dans une taverne bien sombre. Je ne vous recommande pas une élégante taverne , ouverte à la débauche fashionable des clercs d'avoués ou des ap- prentis de boutique. Non , la véritable et bonne taverne des ouvriers , la taverne l'aie et le porter moussent dans de profondes chopines d'étain , la taverne la fumée des pipes prête à l'atmosphère ses teintes fantastisques.

Entrez ! sur la table , vous serez frappés tout d'abord par un colossal in-folio , burlesque création d'un dessinateur et d'un conteur de carrefours, réunis pour vendre, à raison d'un penny l'exemplaire , les fantaisies dévergondées de leur imagination. Fi des harmonieux dessins que le Keep- sake étale dans les salons de l'aristocratie ; le crayon de nos Hogarths modernes, s'il est moins correct, a bien au- trement de verve et d'énergie. Quant aux facéties du bel es- prit, elles ont un cachet d' Ah mour nationale qui fait ou- blier que l'A-ngletcrre aussi a sacrifié sur les autels du puri- tanisme littéraire.

Le temps s'écoule aux acccns pleins et graves de l'orgue. CarTorgue est l'instrument national et populaire. L'église a ses orgues et la taverne a les siennes. Tourà tourauxiliaires de la liturgie et du cabaret, elles accompagnent aussi volontiers les psaumes de David que les chansons de Thomas Moore. Si les carricatures à trois sous( Three-Pennf Comilcaties) vous tombent ensuite sous la main , oh ! alors, il n'y a plus de bornes à la gaieté des assistans , gaieté sournoise , qui pro- cède par bonds et par saccades, qui passe vingt fois du rire le plus ouvert et le plus bruyant au recueillement du si- lence.

Il serait trop long d'énumérer tous les magasins que la basse librairie distribue ainsi pour les menus plaisirs d'un peuple qui se plaît à assaisonner sa bierre et son rhum avec une large proportion de joyeux quolibets.

Pourtant il en est un qui mérite une citation : le Visiteur hebdomadaire . C'est un recueil patriotique. Il raconte avec sagesse, avec bon sens, les traits les plus grands et les plus solennels du temps passé; il donne , avec des dessins variés et fidèles, la successive description des monumens de Lon- dres; depuis la Tour, se passa une grande partie de l'histoire sanglante des trois royaumes , jusqu'à Westmins- ter, le tombeau des rois et des grands hommes, repo- sent sous leurs statues de pierres les princes et les poètes, les chevaliers et les évcques , Shakespeare à côté de Henri VIII, Garrick auprès de Canning.

Voilà précisément ce qui distingue l'Angleterre. Dans ce pays , il y a une immortalité populaire au profit des grands hommes. Lorsqu'ils meurent , la foule ne les accompagne point au cimetière commun leurs tombeaux se perdraient dans le chaos des ambitieux mausolées que la vanité bour- geoise consacre aux vertus du meilleur des pères ou de la plus tendre des épouses. Leur part est plus belle.

Westminster ouvre les larges portiques de sa façade. Le peuple est, là, sur une esplanade immense, silencieusement assemblé. Devant lui le cercueil est admis dans la glorieuse enceinte, et sa place est marquée au milieu des rangs illus- tres que le temps resserre sans relâche.

Plus tard, aux jours des fêles solennelles, en se pressant sous les gothiques arceaux de l'abbaye, les ildèles rctrou- vront, gravés sur le marbre, cent noms qui se partagent leurs hommages, mille souvenirs qui rappellent les époques de grandeur et de gloire.

C'est ainsi que le sentiment de la nationalité se réchauffe et se conserve.

Après le Visiteur , quelques mots sur le Penny-Jurist , le .Juriste à deux sous. Toujours l'utile combiné avec le plai- sant, l'instruction émanant d'une récréation agréable,

LECTURES DU SOIR.

Savez- vous rien de plus cuncui que les annales de la po- lice coiTCClionnclle et de la cour d'assises ? rien de plus ri- ches eu exquises peintures de mœurs? rien de plus fécond en stcne gaies ou tragiques. C'est ce que l'on trouve dans le Juriste.

donc est l'inslructiou? La voici. Chaque procès amène son point de droit ; ciiaquc arrêt nécessite une explication , appiobative ou critique. Voilà le peuple (pii étudie les lois cil lisant une délicieuse corae'dic dont les juges ont a])plaudi la première représentation. Voilà le peuple qui , sous l'in- fluence des émotions que le drame des assises a réveillées , se prend à raisonner sur Blackstone et Bcntliam.

Arec tous ces magasins, on connaît le fort et le faible de la ville , ce qu'elle a de grand et d'ignolilc , ses vertus et ses crimes, sa Chaussee-d'Antin et son faubourg Saint-Antoine, ses charniers et son Louvre.

Nous aussi , nous voulons faire une histoire complète de Paris et de la France , comme les Anglais ont fait une histoire complète de Icurvilie et de leur contrée. N'est-ce pas là, je vous prie, un planhonorablc, une entreprise utile? Ne sera- ce pas un inieressant , un amusant journal, un journal qui prendra toutes les formes , tous les tons , qui plaira double- ment et par la gravure et par la description. Journal dou- blement biographique , car, à la vie du héros , il ajoutera son portrait peii.t au naturel. Ce sera un enseignement tout nouveau chez nous.

Jusqu'ici on s'est contente' de choisir , dans les biogra- phies contemporaines, les biographies purement politiques et littéraires, biographies que tout le monde sait à l'avance. Nous aurons soin, nous autres, de choisir les hommes les plus curieux et en même temps les plus ignorés. Nous irons les chercher dans les pays les plus lointains, pour les pré- senter à votre admiration. Grands hommes de l'Europe, grands hommes de l'Amérique, héros de l'Inde ou de l'Arabie, vous les connaîtrez tous. Grâces à nous, il n'y aura pas un homme , tant soit peu utile ou tant soit peu rare et.curieux, qui ne jouisse de ses droits à une complète célébrité, célébrité mot à mot et trait pour trait.

Voilà comment nous ferons un journal tout neuf, un jour- nal plein d'amusement, d'instruction, de variété, d'intérêt. Journal utile à tous, journal des hommes et des femmes, journal de Paris, journal étranger, journal de tous les hom- mes, de tous les pays, de tous les temps j journal de la fa- mille surtout , innocent et inoCTensif , bien que malin et rail- leur. Car vous trouverez toutes choses dans cette vaste feuille, même la caiicaturede Kniikshank, satire populaire et moqueuse, charmante et admirable sjtire, qui parle aux yeux, qui court les rues, qui passe du parlement dans la rue, delà rue dans la taverne, de Londres à Paris, de Paris partout ; qui se prend à tous les ridicules . depuis les travers du lord fécdal , jusqu'aux façons de John Bull endminché.

Ce sera comme un voyage perpétuel et varie , fcrtde en dé- tails pittoresques et sans cesse animé par de nouveaux incidens.

C'est en voyage surtout qu'on s'instruit. Rien d'instructif comme les voyages , pour ceux du moins qui savent voyager. Qu'un oisif opulent prenne place sur les douillets coussins d'une berline et se laisse traîner par trois chevaux de Lon- dres à Oxford , d'Oxford à Birmingham , de Birmingham à Liverpool; qu'à midi, il stationne dans une commode auberge oii son appétit endormi trouve mille excitans que , le soir, une servante bassine avec soin le plus beau lit de la plus belle chambre d'un hôtel hospitalier; que le lendemain, mon homme continue son paresseux sommeil dans sa voilure tou- jours aussi rapide : ce n'est point voyager. Les chevaux de poste ont franchi des centaines , des milliers de lieues ; l'oisif a changé chaque jour deux ou trois fois de cuisine et de table, sou carnet s'est enrichi des noms de mille relais de poste et des cartes à payer d'autant d'aubergistes : en cstil plus savant ? Non , certes.

Nous, ce n'est point notre inctliode. Ln vaisseau est

dans la rade et le vent souffle vers l'Océan. D'un seul coup de sifflet , le capitaine vient de lui rendre la vie. Ses ponts, SCS cordages , ses voiles s'animent du fond de câlc jusqu'au sommet du grand mât. Il vogue. Pour nous, quelle heureuse occasion.

Nous sommes à bord. Avec ce navire, nous sortons de la' I\Ianche, nous traversons les mers, nous souffrons sous les tro- piques des ardeurs du soleil , et nous subissons le froid gla- cial du Pôle. S'il aborde aux plages parfumées du Bengale, nous sommes avec lui; et nous y sommes encore lorsque, d'une volée de canons, il balaye la côte d'où quelques hor- des farouches menacent son équipage avec l'arc et la massue. Cette aventureuse variété , voilà précisément ce que nous cherchons.

Une autre fois , c'est un hardi piéton qui charge sur de robustes épaules tout son attirail de toilette et de défense. U pénètre dans le désert à la suite d'une caravane, et nous montons avec lui sur le dos complaisant d'un dromadaire. Quelques jours plus tard . nous errons ensemble au milieu des noires populations de l'Afrique. Nous avons faim et per- sonne ne partage avec nous son riz ou son manioc ; la pluie a percé nos pauvres vctemens , et personne n'offre à nos corps humides la chaleur d'un manteau de laine. Mais I.^ scène change. Voici une ville ou règne un chef puissant : sa curiosité nous invite aux festins du palais, et son hospitalité nous permet de pénétrer les secrets que recèlent les cabanes do son peuple d'esclaves.

Que de fatigues 1 mais aussi que de découvertes !

Au retour , nous prodiguons cette récolte précieuse à nos lecteurs. Assis nonchalemment dans un excellent fauteuil , ils s'associent , libres de soucis et de dangers . aux cnlrejue- nantcs navigations desLaPevrousc.aux marches infatigables des Slungo-Park. Rien ne les séduit davantage.

C'est un des secrets de régoisme. On se complr.it d'autant plus dans le récit des aventures périlleucs que l'on jouit plus entièrement de ses aises. Le meilleur moment pour com- prendre les angoisses des pauvres matelots que la Nou- velle Zemble retint tout un hiver sur ses plages glacées est celui où, dans le foyer qui nous ranime, le bois éclate en raille joyeuses étincelles.

Voilà des plaisirs dont nous ne serons avares en aucune façon. IMais, avant de nous embarquer pour d'aussi loiulaincs expéditions, nous ne laisserons pas de jeter un coup d'œil au- tourdenous. Que de sites ravissans, que de mœurs piquantes on laisserait en arrière sans cette précaution. ^ oyez : la M- Jitevrannée aux flots d'azur baigne les riches amphithéâtres des villas italiennes; l'Espagne est avec se; palais mau- resques , avec ses couvcns qui récèlent tant de trésors ; la Suisse déroule d'iraposans panoramas de verdoyans pâ- turages s'enchâssent dans un cadre de glaces éternelles ; l'Allemagne est hérissée de gothiques châteaux , de cites laborieuses dont les traditions nous intéressent aussi. Il y a la Piussie avec ses steppes , la Norwègc avec ses cascades , la Hollande avec ses marais et ses canaux , la Pologne avec ses antiques forêts. Mon Dieu ! il n'est pas absolument né- cessaire de traverser l'Océan pour trouver d'ainusanlcs relations de voyages. Tout l'embarras e?t dans le choix.

Suivez-nous en Angleterre, par exemple; et, pour pre- mier essai , montez avec nous dans ces stage-coaches élé- gans comme les landaus des grands seigneurs, dans ces voi- tures rapides comme l'éclair et qui font quatre lieues et de- mie à l'heure.

Partez-donc à l'instant, faites attention surtout aux objets que sans relâche la route successivement vous présente. Toute cette belle contrée s'étale à vos yeux. A oyez : grands parcs, vieux châteaux , gigantesques cathédrales, remparts renversés, vieilles tours remplies de rcvenans à minuit j que snis-je encore. C'estunc vieille et siinte terre! Nous verrons donc r.\ngleterre en voyageursardens et enthousiastes. Puis, ;iprès avoir voyagé en Angleterre, nous voyagerons aussi eu

MUSEE DES FAMILLES.

France ; nous enverrons , sur tous les points de la France , nos plus habiles dessinateurs, et nous aurons, nous aussi, «os paysages et nos nionumens, reproduits par les gravu- res, chefs d'reuvre désormais à la portc'c de tons.

Aujourd'hui [)iiis que jamais on aime les recils des voya- geurs. Le factice pbît un instant, la vérité' amuse toujours. Celui qui dit j'ai vu est bien plus écoute' que celui qui vous dît j'ai rêve'. Un re-cit très simple, très-exact, très-naïf, est bien préférable aux descriptions fardées des écrivains bour- soufles qui voient toutes choses à travers le prisme do leur

imagination ignorante et prévenue. Nous aurons donc soin, avant tout , de bien voir pour vous dire après ce que nous aurons vu. Nous allons dune nous mettre en quête de nou- veautés de tout genre. Nous irons tantôt doucement, tantôt vite , plus souvent à pied qu'en voiture j et une fois en route nous nous arrêterons partout nous aurons quelque chose à recueillir, partout nos yeux choisiront quelque étude pour un crayon docile : ainsi , après nous être reposés (a veille sur des ruines, le lendemain nous nous arrêterons dans quelque honnête habitation de villageois.

Les ruines.

Vous verrez \mc de ces riantes maisons de campagne, riches demeures du riche laboureur, qui ne sont que des chaumières en Anf;leterre , qui seraient des châteaux autre part. Puisse le ciel , sur la fin de vos jours, vous donner une de ces douces retraites , placée dans quelque vallon fertile, au milieu des prairies, sous les rayons d'un soleil bienfaisant , avec de paisibles voisins I T.à , bien à l'abri du monde, de son ambitieux fracas, de ses étourdissantes préoccupations, vous lui accorderez cependant quelques rc- guds jetés à la déiobcCj avec un sourire de pitié , peut-être

hélas I avec un soupir de regret : car aussi vous lirez les journaux.

En effet , chacune de ces simples maisons d'agriculteurs, que vous voyez, toutes blanches , au milieu de ces vertes pelouses , reçoit un magasin de deux sous.

L'un est abonné au Romancier à deux sous.

Celui-ci, préférant la réalité à la fiction, vieux loup marin endurci à la mer et que le bruit des ondes poursuit encore à la charrue , lit avec délices l'histoire des voyages au loin, des découvertes et souvent des naufrages, somce fc-

LECTURES DU SOIR.

te villajje.

condc de teneurs toujours renaissantes et toujours nou- velles.

Un troisième se plaît à entendre les aventures des salons , les hauts faits des joueurs , les crimes produits par les passions mauvaises, les histoires de jalousie, d'as- sassinats et de duels; et, tout en frissonnant de ces récits, il bénit la dcstinc'e qui l'a place' si loin du monde dans le calme et sous le chaume du laboureur.

lien est, mais ceux-là sont près de Londres, qui ont consacré leur vie au Turf. Ils ne parlent que chasse, chiens et chevaux ; ils ne vivent que parmi les jockeis et les lords; leur vie se passe aux courses de chevaux , à la chasse aux renards. Ce sont d'infatij^ablcs parieurs, d'infaillibles con- naisseurs, d'intrépides historiens de tous les haras.

Ils n'aiment, n'estiment, ne regardent que le cheval. Ils passent leur vie à l'écurie ; ils mènent leur vie au galop et au pas de course; ils dressent des généalogies chevalines; ils vous diront, mot n mot, l'histoire de tous les chevaux I célèbres : demandez-leur le nom de leur aïeul maternel , ils

MUSÉE DES FAMILLES.

l'ignorent I En revanche , ils vont vous dire , sans se trom- per d'un seul, tous les ascendans et descendans de la noble jument Paméla.

A chaque spécialité' donc , à chaque manie même , son magasin. L'amateur du jardinage, l'épicurien qui fait^es délices de la table , cette femme charmante qui veut savoir le nom de chaque nœud de ruban , celle qui néglige sa toi- lette pour s'étourdir dans les douces illusions du roman : chacun a son journal.

N'oublions pas , dans cette foule de lecteurs, les esprits éclairés qui croient encore au théâtre , ceux qui lisent Sha- kespeare ou Corneille: esprits avides de toutes les émotions; bonnes et calmes natures qui se plaisent dans toutes les hor- reurs de la tragédie; intrépides champions de Kemble et de Talina : voilà des hommes que n'ont pas oublié les éditeurs anglais. Nous aussi nous flatterons de toutes nos forces leur innocente manie : nous leur donnerons la représentation aussi complète que possible des plus belles scènes du théâtre. Hé- las I chaque jour le théâtre se perd, l'art s'en va , la comé- die est négligée. Cet estimable et littéraire délassement de la vie a trop besoin d'être encouragé et soutenu pour que nous ne lui donnions pas une place honorable dans notre Musée.

Enfin, que pensez-vous encore de quelques-uns, qui con- naissent par leurs noms tous les animaux de la ménagerie , qui assistent régulièrement au déjeuner de l'ours , au diner du tigre, et qui ont porté le deuil de la giraffe? C'est une spécialité à part, celle là, c'est une position à part. Eh bien ! nous aurons égard à ces faiblesses innocentes ! Le règne ani- mal ne sera pas négligé dans notre feuille. Nous ne néglige- rons pas plus un beau tigre qu'un l)eau cheval ; et , après avoir donné le portrait de quelque grand homme du jour,

nous ne croirons pas déiogcr en donnant le portrait d'un lion magnifique ou d'un beau poisson.

Vous comprenez donc tout notre plan et vous voyez d'un seul coup d'ceil quels sont nos moyens d'exécution. Notre plan est immense , nos moyens d'exécution son! plus grands eucore. Nous avons voulu réunir et nous avons icuni, en effet, dans une seule et même feuille , tous les journaux grands et petits , toutes les gravures sur bois ou sur cuivre , qui alimentent cette riche cargaison de la presse anglaise, composée de journaux à deux sous. Avec cela , un rare et nombreux mélange de toutes choses utiles, fu- tiles, sérieuses , bouffonnes, savantes : police correction- nelle, cour d'assises , voirie , santé, plaisirs, théâtres, écuries, églises, ruines, palais, chaumières, bons mots, caricatures: le riche, le pauvre, l'artisan, la coquette, le dandy, le cavalier, le poète , le rêveur, le romancier, l'his- torien; qui encore? Toute cette foule d'esprits, de mœurs, d'intérêts, de positions, de besoins, ce mélange de gaieté et de tristesse, d'humeurs et d'opinions si opposées, trou- vera à se satisfaire dans ce recueil , dans ce journal , dans ce livre, dans ce magasin , dans cette encyclopédie , dans ce cahier, dans ce musée , dans ce je ne sais quoi à deux sous que nous offrons à notre public.

Ainsi c'est un livre pour tous les goûts , pour toutes les positions, pour toutes les fortunes, pour tous les âges: depuis le savant artisan qui cherche la solution des pro- blèmes les plus difficiles, jusqu'au petit enfant qui se jette, en rentrant dans le salon de sa mère, sur les belles gravures du journal à deux sous qu'il admire sans en comprendre le sens ; depuis la belle dame française qui aime à rire des bas bleus de Londres jusqu'à l'homme innocent qui se plaît aux histoires d'assassin.

Z.1ICTURI3S DU SOIR ,

PAR M, AUGUSTE JULLIEN.

oiLA notre musée... Vous pouvez déjà y jeter un coup d'œil qui permette d'en apprécier la variété ; mais il faut le temps de vous y recon- naître. Au premier moment une apparence de désordre vous frappera sans doute. Ne fallait- il pas, avant tout, donner un échantillon de nos richesses ? Ailleurs on promet d'abord, puis on tient si l'on peut ses promesses. Chez nous, autre méthode. Telle est notre abondance en choses belles et curieuses que , sans faire tort à l'avenir, nous avons pu gratifier nos amis et le pu- blic de cette première exposition ouverte à tous. Maintenant quelques mots d'explication.

Parmi les inventions nouvelles, celle qui opère le plus de prodiges , ce ne sont ni les télégraphes, ni les ballons, ni les ponts suspendus , ni les bateaux à vapeur, ni les che- mins de fer, ni toutes ces créations gigantesques du génie de l'homme; il y a quelque chose de mieux encore : les pu- blications à bon marché. N'est-il pas admirable en effet d'a- voir mis la science et l'instruction à la portée de tous ? Naguère les livres étaient le privilège des riches. En l'an- née mil-huitccnt-trcnte-trois, ils vont partout. Intcrrogezles directeurs des mille bureaux de poste qui existent sur la sur- face du pays , demandez à ces conducteurs de diligences qui le sillonnent en tous sens, suivez ces essaims de facteurs ru- raux qui connaissent les habitations les plus écartées : par- tout circulent les journaux et les manuels économiques, et bientôt plus de chaumière qui n'ait le sien. Ce n'est pas en- core assez. Il faut poursuivre le monopole jusqu'au bout et cnétrcr dans un autre de ses domaines. On a bien songe à utile , nous voulons faire quelque chose pour l'agirment.

L'heure du repos, c'est le soir. Chacun a quitté son tra- vail pénible, la famille est réunie. Que ce soit dans un opu- lent salon , dans la chambre modeste du bourgeois ou sous l'abri d'une grange villageoise , on vient chercher une douce récréation au milieu d'un cercle d'amis. La socialiilité natio- nale revêt mille formes et se retrouve partout dans les mœurs. Quelles seront les occupations, ou plutôt les plaisirs de la soirée ? On se lasse du jeu , et la danse ne s'accorde pas toujours avec l'humeur du moment. Causons , diront alors tous lesFr.inçais à quelque classequ'ilsappartienncnt. Mais il faut à la conversation un aliment sans cesse renouvelé : voilà précisément ce que nous leur offrons.

Grâce à nous , chaque famille peut avoir en même temps son magasin et son musée : recueil économique, mais pré- cieux, qui trouvera sa place sur l'élégante console d'un château, comme dans les rustiques tablettes d'une biblio- thèque de fermier. Quand l'hiver sera venu , tous , pressés autour d'un feu pétillant, prêteront l'oreille au plus habile qui aura reçu en dépôt la feuille destinée à la lecture du soir. On ne renverra point l'enfant trop faible ou trop mal- adroit pour se mêler aux jeux de la veillée; la jeune fille aussi restera , car rien de ce que nous avons à dire ne doit offenser son innocence. Il y aura matière à l'instruction de tous. Tantôt une relation empruntée aux voyages lointains les transportera dans les déserts arides de l'Afrique, sur les rives si fraîches du Gange indien , au banquet sauvage du cannibale , dans les délicieuses demeures du pacha , au milieu de ces chasses terribles le léopard sert d'auxiliaire à l'homme : tous ne seront-ils pas attentifs ? Puis viendront les m'-rveillcs de notre industrie. Depuis ses

LECTUKES DU SOIH.

premiers essais, qiii remontent au temps de la barbarie, jus- qu'aux colossales entreprises qui nivellent aujourJ'luii les montagnes, nous passerons en revue les propres successifs des arts et des métiers. Pour nos lecteurs, la science n'aura plus de mystères. Ils sauront les curiosités, les phénomè- nes deTastronomie, de la physique, de la chimie, de la méca- nique, dcl'histoire naturelle ; ilsles sauront, car, débarrassée du style despcdans, l'instruction est avenante et facile. Aussi toucherons-nous à tout, aux choses les plus sérieuses comme aux plus frivoles. A chaque nouvelle lecture, il faut qu'autour des auditeurs s'agrandisse l'horizon de leuis idées. Mais, d'a- bord, nous les familiariserons avec ce qui les concerne de plus près : l'histoii-c et la description de notre patrie. A chaque département nous prêterons quelques pages, car nous vou- lons les faire connaître les uns aux autres. Beautés de la nature et particularités de l'histoire, dessins pittoresques des sites et des monumens les plus remarquables et représentation fidèle des costumes et des mœurs, la vie des hommes utiles et les anecdotes des hommes singuliers, les hauts faits des sol- dats et les travaux des savans : nous rassemblerons tout ce qui contribue à faire mieux connaître le pays et ses habitans. Puis nous irons chercher au loin des objets de comparaison. Tel est notre plan, si c'en est im. Rien n'est d'avance obli- gatoire et fixé; mais chaque chose aura sa place et son tour.

Pour la lecture peu d'heures suffiront. Mais ensuite il y aura les vignettes. Nouvelle récréation. Ce que le texte ex- plique avec effort par des mots qui , trop souvent, frappent l'oreille sans être entendus de l'intelligence , la gravure vous le montre si vivant et si clair I Celui-ci désigne du doigt le portrait du guerrier dont il vient d'apprendre les exploits ; celui-là calcule les effets d'une machine dont la description a réveillé sa sagacité; une jeune fille recule d'effroi en aper- cevant le tigre féroce que, peu d'instans avant, elle avait en- tendu rugir dans les bois sur les pas d'un voyageur égaré; l'enfant s'écrie d'un air de triomphe qu'il vient de recon- naître les sauvages insulaires dont il a écouté, avec tant d'attention, la surprenante histoire; et, le lendemain , sa main novice e'bauchera les esquisses d'un muséedesa façon. Puis, c'est un vieillard qui prend la parole et raconte aussi des aventures et des voyages; un autre a connu Napoléon ou IMi- rabeau, et peut ajouter quelques détails personnels à leur intéressante biographie. La conversation s engage et souvent ne tarit pas avant minuit.

Que sera-ce, quand, aux morceaux instructifs , succéde- ront les chansons ou les ballades , les contes fantastiques ou passionnés, les bizarres et terribles légendes? Car, pournous, c'est peu de faire un musée économique , qui forme le goiit ,

en propageant les productions d'un art habile et délicat, qui s'empare , pour faciliter l'instruction , de celui de nos sens qu'ontrouve lepUisfacileaux séductions. Nous entreprenons quelque chose de plus. Qu'en France il y ait des poètes har- monieux, des romanciers spirituels, d'habiles écrivains en tous genres : qui le sait? Un public restreint achète des éditions coûteuses , lit les in-octavos et s'abonne aux Revues ; mais la foule, pour elle, il n'y a point de littérature. Nous l'appelle- rons enfin .i profiter de la notre. Si, d'une part, cUcy gagne bien des jouissances nouvelles ; n'y aura-t-il |)as aussibénéfice pour les écrivains qui verront ainsi grandir leur public et s'ouvrir devant eux une immense et nouvelle popularité ? Comptez les lecteurs d'un volume que les catalogues cotent à 6 ou 7 francs : pour un romande lialzac, pour les poésies de Victor Hugo , deux ou trois mille exemplaires que les cercles et les cabinets de lecture propagent, il est vrai, dans une sphère de dix à douze mille abonnés. Mais nous, nous ferons des tirages de cent mille exemplaires. Y a-t-il une famille en France qui ne puisse prélever cinq francs par an , deux ou trois sous par semaine, quehjucs centimes par jour, pour égayer ses longues soirées de désœuvrement ? Mainte- nant, multipliez par dix cent mille familles, qui comptent chacune dix membres ou dix amis au moins. Nous promettons nos grands hommes ce qu'ils n'auraient point sans nous, un million de lecteurs ; et, ce qu'on n'a pas encore vu, nous sou- mettons à la loi du bon marché , pour le profit de tous , les produits les plus rares , les plus précieux et jusqu'ici les moins répandus du travail et du talent.

Aussi notre appel sera-t-il entendu. Pour notre musée, pour notre Louvre populaire, nous mettrons à contribution les dessinateurs et les graveurs de l'Angloterre et de la France; pour le texte ou le livret, l'assistance des hommes dont le talent aie plus d'éclat et le plus de réputation nous est d'avance assurée. Le plus spirituel, le plus brillant de nos critiques, celui dont le nom se rattache au journal qui est resté le plus long- temps fidèle au culte de la littérature (/e/oi/rnaZt/ei Débats), M. Jules Janin, ouvre lamarche. Peuà peu beaucoup d'hommes , dont le talent s'est révélé dans les feuilletons quo- tidiens ou dans les revues littéraires, le suivront. Aussi qu'on ne se laisse point tromper par ce premier spécimen : si nous avons emprunté chez nos obligcans voisins des échan- tillons de leurs publications variées, c'était surtout pour donner une idée de ce qu'ils ont fait. Notre intention n'est point d'entreprendre une imitation des Magasins d'outre- mer. Nous ferons un ouvrage entièrement neuf. Il sera bien réellement la propriété de ses souscripteurs, car texte et dessins seront toujows faits expressément pour eux

MM.

Alexandre de L aborde.

Alexandre Dumas.

Alphonse de Lamartine.

Adélaïde (M"^) Montgolfier.

Albert de Calvimont.

Alphonse Karr.

Alphonse Royer.

Auguste Jullien.

Avenel.

Ballanche.

Balzac.

Beaude (le D').

Benjamin Laroche.

Bertier de Sauvigny.

Belloc (M°°').

Berthoud,

REDACTELRS.

MM.

Bodin (M""') Jenny Bastide.

Bouvard.

Brard.

Brucrer.

Castil-Blaze.

Charles Nodier.

Desrordes-Valmore (M""^).

dumersan.

DuPONCHEL.

Ernest Desprez. Eugène Sue. Ferdinand Denis. Feuillide. Frédéric SouliÉ. Gay (M"'^). James Rousseau.

MM,

Isidore Bourdon.

Jules Janin.

Léon Gozlan.

Léon de Ladorde.

Louis Desnovers.

Louis de Maynard.

Merle.

Miguel Masson.

Roger de Beauvoir.

Sainte-Beuve.

Taylor.

Thierry.

\ alery.

Victor Hugo.

Villemain.

Xavier Saintine, etc.

8

MUSÉE DES FAMILLES.

Mieux que toutes les phrases , une table des matières fait comprendre le plan et le but d'un ouvrage. C'est pourquoi nous indiquons dans le sommaire suivant les sujets que nous nous proposons d'aborder et de traiter tour à tour. Chaque spc'cialité est, dès aujourd'hui, confiée à l'écrivain auquel ses études donnent le droit de la développer ; et il suffit de jeter un coup-d'œil sur le tableau oii sont nommés les rédac-

teurs du Musée des Familles pour comprendre qu'à chaque partie appartient un talent déjà connu du public. Du reste ce n'est ici qu'une brève indication. Il était impossible de marquer avec précision les limites qu'occupera chaque chose. Peu à peu ce plan s'éclaircira par l'exécution , et nos lec- teurs pourront se convaincre que notre but est avant tout de les instruire sur ce qui les touche de plus près.

Agriculture.

iDslrumtns perftctitiiints. Cdlurts (iîversM,

Architecture pittoresque.

Conslrurtions niodiUs. —Villas , CuUajes. lîdi- .cen pubUcs.

Art militaire.

Armes et uoifornies de tous les peuples et de tous

Arts et métiers.

Biographie contemporaine.

Vieji et porlr.iits qui seront publiés.

AORONOUES. MM. de Dombasle , Jacquet Bu/aull, ,1c I.orgerd, Vilmorm, de Fellenherg.

ARTISTES. MM. Ingres , Gérard, H. Vemet , Crcii, Sclinelx, Uoj.o, Dantaa, Auber, Koami.etc.

AUTEURS ET POÈTES. MM. Chdleauhrlaitd , de Lamartine, Viclm Hag« , Alexandre Damas, Etranger , SamU-Beave, A. Thierry, VUlemam, Çmmn, Delavigne, Scrlhe, BaUac. Eugène Sae, tic.

FEHHES CÉLÈBRES. Mesdamet Desbordes J'alawre, Amable Tasiu, etc.

FINANCIERS. MM. LafiUe, Rotschitd, riUile, Aguadc, Ouvrard, etc.

IIOUUES POLITIQUES. MM. ThU-rs, Gultot, D„f>,a. OMIhn-Barrot, T.dlejrand, Metlernich,tlc.

ILI.USTUATIONS MILITAIRES. MM. .<îoull , Jcurdaa, Gérard, Claudel, Lobau, Nafiier, etc.

INDUSTUIELS. MM. Oberlampf, Temaux ,

France pittoresque. -

■Vues des pi. nnp. 'porrrails'dL lie

Esquls.

it. Costuiues , usages et mœurs des hommes qui y Dut reçu le jour.

Histoire.

roman. Anecdotes et •.nlinoîres.

Histoire naturelle.

;t mœurs des quadrupèdes , des oiseaui ,,

Vertus et usages des plantes et des fruits. Histoire des pierres précieuses et dea métaux.

Marine.

Vaisseaut .le guerre et de commerce. Histoire des flibustiers. Naufrages et combats navaui.

Modes.

Costumes anciens et modernes. Toilette des lez les divers peuples.

ublei

Mœurs.

Poésie.

ans. Fragniens despoëmcsu

Ch„

al, D.U

JOURNALISTES. MM. Cairel, ne Geuonde , Ja.^/ues Cuile, Chdlclam, Laurenlie, de Brian, Du- foagerals, Mairasl , Lion Pdlet, etc.

IIÉFORMATEUUS. MM. Saint-Simon, Ballan- chc, Jacototj Fourrier, Enfantin, etc»

SAVANS. Arago, Broussals , GcoJfroj-Sa,nt-H.-

e, Thinard, etc.

Droit criminel et pénal.

Chit

PlicDomènes naturels.

Physique. Bléléorulogie

- Géologie.

Sciences occultes.

Magie, Cabale, Féerie, Sorcellerie, Déino'no- loglc , Fantasmajjorle.

Théâtres.

Costumes et décorations des pièces. EcUtlrcIsse- meus nnecdutiques sur les sujets de pièces.

Voyages pittoresques.

Voyages sur terre et sur mer et dans toutes les par- ties ilû monde , lîelionl. Caillé, Lander, Jacqueraout Freycluel, Dumont d'Urville, Kruicnsleru,

ON SOUSCRIT K PARIS, AU BUREAU CENTRAL, RUE DES MOULINS, N" 18; (Affranchir).

Livraisons non timbrées,

envoyées une scuif fois par mois (le l'i).

nEPAHTEME^S.

fr. Pour tin an 7 fr.

liivraisons timbrées,

envoyées tdus les jeudis.

DEPARTCMEN8.

7 fr. Pour un an i* fr

I,es personnes des départomeus qui souscriront avant le lii décembre n'auront point de frais de poste à supporter, I lieu de 7 francs non timbré, elles n'auront à payer que 3 francs- au lieu de 9 francs timbré, 7 francs seulement.

r.VI^HAT, IMPHIMEUh, RUE DU CADRAN, 16,

MUSÉE DES FAMILLES.

La Maison de Paul Pindar à Londres.

LA MAISOll DE PUTDAB,

PAR M. JinLES JAMN.

Quand le roi Charles Stuart, Charles I, vaincu par Cromwell,fut rais en accusationau Pai-lement, il fallut, pour parvenir jusqu'à ses juges , que le roi passât à travers une taie de peuple et de soldats, qui jetaient sur lui des regards furieux. Charles I", accable' sous tant de haines réunies, baissait la tête en proie aux plus tristes réflexions.

Charles 1" parut devant ses juges; il se défendit en roi et en gentilhomme , et avec tant de calme cependant, qu'un homme du peuple, mis hors de lui-même à l'aspect d'un si noble sang-froid, cracha au visage du monarque malheureux. A cette horrible lâcheté , il y eut un moment de silence dans l'assemblée. Ces têtes rondes consentaient bien , il est vrai , à faire dresser l'échafaud de Whitehallj mais celte insulte gratuite , faite à la face du premier gentilhomme de l'Angleterre, parut bien dure aux plus farouches républi- cains. Cromwell lui-même , s'il l'eût osé, lui qui osait tout, aurait demandé pardon de cette offeuse à Charles I"^.

Tout-à-coup, au milieu de la foule , une voix émue se fit entendre : Ayez bon courage, sire! disait la voix. En même temps un homme du peuple , s'approchant du roi à son tour, lui essuya le visage avec beaucoup de respect, en lépé- tant ces encourageantes paroles : Ayez bon courage, sire ! Car, en Angleterre , comme partout, il y a deux peuples : le peuple de la fange, sanglant, cruel, stupide, ignorant, celui-là , atroce et fou j et le peuple éclairé , instruit , labo- rieux , père de famille , plein de vertus ; le bon peuple , le vrai peuple; celui qui sait travailler, qui sait se battre contre l'ennemi, qui sait labourer, qui sait prier, qui sait aimer. L'homme qui disait au roi : Ayez bon courage sire ! était un riche marchand de la cite , honnête homme , qui n'aimait pas le sang, et qui, après avoir fait opposition à son roi, comme un Anglais qui tient aux lois de son pays.re- venaitau roi, dès que celui-ci étaitabandonné et malheureux. Cet honnête homme s'appelait Paul Pindar. Toute cette assml)lée de régicides applaudit à l'action de Pindar , et

Charles I" releva U tête , «a pensant que du moins il allait être jugé par des hommes !

Charles I" fut condamne à mort. Le jour il marcha an supplice , toute la ville de Lon- dres fut sur pied. Tous les partis voulurent assister à ce terrible dénoûment des guerres civiles; les uns pour jouir de leur vengeance , et les autres pour apprendre à attendre et à se souvenir. C'était partout , dans ce peuple, un grand silence. Personne ne dit adieu au roi qui allait mourir ; il ne rencontra pas un cri , un seul regard ami, un seul sou- rire consolateur. Il mourait tout seul.

Mais, sur sa route, ou plutôt comme il montait à l'écha- faud, une jeune fille, belle et jeune, ti-emblante et les lar- mes dans les yeux, voulut dire adieu à son roi. Mais en vain. Elle voulait parler , sa voix lui manqua. Elle voulut pleurer, ses larmes s'arrêtèrent. Elle avait une rose à la main ; elle la présenta au monarque. Le roi s'arrêta étonné. Il regarda tendrement la jeune fdle ; il la salua; puis il prit la rose , et il monta sur 1 échafaud.

Sur l'échafaud , Charles Stuart fit ses derniers adieux à son peuple , tenant toujours à la main la rose que lui avait donnée la jeune fdle. Un homme masqué était sur l'écha- faud à côté du roi; cet homme, impatient sans doute, poi- tait la main à l'instrument de mort. Le roi s'interrompit plusieurs fois au milieu de son discours, disant à l'homme masqué : Ne louchez pas à la hache ! Ne touchez pas à la hache! Qumi Charles Stuart eut tout dit, il embrassa la rose; il posa sa tête sur le bdlot fatal , et la tête tomba. Le peuple anglais, à ce spectacle, se sépara en silence. L'homme masqué, l'assassin du roi, fut obligé de se sous- traire à la rage de ce peuple changeant, car cet homme masqué n'était pas le bourreau ordinaire , et avait payé le bourreau pourlFapper à sa place. C'éuit un grand seigneur, qui pouvait aller de pair avec l'homme du peuple qui avait craché au visage de Charles I"^.

La